Entretien avec Cheyenne-Marie Carron

 Cheyenne Carron

A l’heure où les Chrétiens du Proche-Orient sont massacrés en Irak sortira le 1er octobre « L’apôtre » de Cheyenne Carron. Une réalisatrice engagée qu’on sent en recherche de vérité, qui a la générosité des convertis, l’envie d’apprendre et un talent certain pour la mise en scène. La rédaction du collectif antilibéral a souhaité la questionner sur la sortie de son prochain film, son parcours atypique et son cheminement catholique.

CCA – Bonjour Cheyenne, pouvez-vous vous présenter brièvement et détailler votre parcours cinématographique ?

Je suis arrivée à Paris avec pour seul diplôme en poche un CAP de secrétaire (la Ddass m’avait mise dans cette filière…). J’ai déchiré ce diplôme sur le quai de la gare et je me suis juré de quitter la capitale qu’après avoir réalisé mon rêve : faire mes films.
J’ai fait un premier court métrage à 23 ans. Puis un premier long métrage à 25 ans (avec Mélanie Thierry et Vincent Martinez). Raté. En grande partie par la faute d’un producteur qui a saboté mon travail. J’ai donc décidé d’avancer seule sur les films suivants, sans producteur. J’ai enchaîné avec le film « Extase » avec Astrid Berges-Frisbey et Swann Arlaud, puis le film « Ne nous soumets pas à la tentation » avec Jean-François Garreaud et Agnès Delachair, puis « La fille publique » avec Doria Achour, puis « L’Apôtre ».

Pouvez-vous nous raconter votre enfance, votre conversion au catholicisme, et particulièrement votre récent baptême ?

Mon enfance a oscillé entre des joies à m’en faire éclater le cœur et des souffrances à m’anéantir. Abandonnée à l’âge de trois mois, la Ddass m’a placée dans une famille d’accueil catholique fantastique. Ma mère m’a élevée et m’a aimée du plus pur des amours. Mais j’ai grandi avec la peur d’être arrachée à ma famille. Sans cesse, des assistantes sociales me rendaient visite et me rappelaient sans cesse que mon placement était provisoire… mais finalement il a duré toute ma vie !

Ma mère a été pour moi le chemin qui m’a mené à Dieu. C’est une femme très pratiquante, et très « inspirée » par Dieu. Mais mes parents n’avaient pas le droit de me faire baptiser, car ils n’étaient pas ma famille officielle (Mes tuteurs légaux était la DDASS). Alors j’ai reçu tout l’enseignement catholique (ma mère enseignait le catéchisme), je suis allée à l’église toute mon enfance, d’ailleurs mon frère Emmanuel partageait en cachette son hostie avec moi.

A 20 ans, j’ai commencé mon baptême, je l’ai interrompu, car je ne me sentais pas « mériter » ce sacrement. Puis avant l’écriture de « L’Apôtre », j’ai ressenti que c’était le bon moment pour moi. Alors j’ai étudié pendant deux ans le catéchisme. Puis j’ai reçu les sacrements du baptême à la veillée pascale 2014.

Qu’est-ce qui vous a amené à vous convertir ?

L’amour de ma mère, et par extension la conscience de l’amour que Dieu a pour moi.

L'Apôtre

Comment vivez-vous votre foi catholique et comment voyez-vous le combat face au mondialisme ?

Je vis ma foi comme une force. Une force de combat inépuisable.

La meilleure réponse face au mondialisme est que les Catholiques réintègrent les arts, le social, la politique, etc… et ramènent les valeurs de notre belle religion au cœur de la société.

Qu’est-ce qui vous a marqué dans l’actualité politique ou religieuse de ces dernières années ?

Les miracles de la religion catholique se font souvent dans la discrétion et à l’abri des feux de l’actualité. Mais je crois que ce qui me touche actuellement ce sont toutes les processions, de plus en plus nombreuses, qui se font dans les villes de France. Je ressens que le bonheur d’être Catholique revient peu à peu, et cela me touche.

Vos précédents films ont-ils été influencés par la religion catholique ?

« Extase » parle d’une jeune fille qui cherche désespérément Dieu.
« Ne nous soumets pas à la tentation » parle d’une histoire de vengeance où Dieu est absent.
« La fille Publique » raconte le récit d’une fille de l’assistance publique qui veut recevoir le baptême de la seule personne qu’elle aime : sa mère.

Oui, je crois que de près ou de loin, il y a un peu de ma religion dans mes films.

L'ApôtreDVD

« L’apôtre », qui sortira le 1er octobre 2014, parle de la difficile conversion d’un musulman au catholicisme. Quel est le message de votre film ? Colle-t-il, selon vous, à l’actualité du Proche-Orient ?

Le message du film est que la charité est le seul chemin possible pour convertir les cœurs. Ce qu’il se passe au proche Orient concerne tous les Chrétiens du monde, car ce sont nos frères qui sont tués du seul fait qu’ils soient Chrétiens. Ceci dit, je me sens aussi solidaire des Yezidis et des Musulmans tués.

« L’apôtre » raconte la douloureuse conversion au Christ. Mais mon héros, lui, n’en meurt pas, car l’histoire se passe en France. Dans beaucoup de pays à majorité musulmane, vous risquez votre peau, du seul fait de changer de religion.

Avez-vous d’autres projets cinématographiques ?

Évidemment, le cinéma c’est ma vie…

Propos recueillis par JB pour le CCA

La rédaction du CCA remercie chaleureusement Cheyenne Carron d’avoir bien voulu répondre à ce questionnaire. Le DVD du film « L’apôtre » est en vente auprès de la réalisatrice via le mail cheyennecarron@gmail.com

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