Mgr de Ségur sur le schisme

Mgr de Ségur

Du reste, qu’on ne s’y méprenne pas, le schisme n’est pas un péché laïque ; c’est un crime ecclésiastique et purement ecclésiastique. Là où il y a un clergé docte et vertueux, le schisme n’est pas possible ; là où le clergé est vicié, soit dans ses doctrines, soit dans ses mœurs, le schisme est aisé. Pas de schisme sans le clergé ; l’histoire est là pour le prouver. Qui a préparé le schisme oriental ? une série de patriarches ambitieux à Constantinople. Qui a consommé cet horrible schisme ? Un patriarche encore, Photius, à la tête d’un certain nombre d’archevêques et d’évêques courtisans, lesquels ont entraîné dans la séparation les prêtres d’abord, puis les fidèles… En Angleterre, quels sont les vrais auteurs de cette division qui devint immédiatement hérétique et protestante, sinon l’Archevêque apostat de Cantorbéry et les autres indignes évêques qui tremblèrent devant les menaces d’Henri VIII et d’Elisabeth, au lieu de leur résister en face, comme ils le devaient, et de mourir ? En France, pourquoi la constitution schismatique que la tyrannie révolutionnaire voulut imposer au clergé ne put-elle prendre aucune racine ? C’est que, sur cent trente évêques, quatre seulement furent des lâches, et que tous les autres préférèrent l’exil, la proscription, la prison et l’échafaud. Dieu ! Quelle responsabilité pour les prêtres et plus encore pour les évêques ! Dans leurs mains repose la vie ou la mort des peuples, le salut ou la perte des âmes.

Mgr de Ségur – Le souverain pontife (1867)

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